Golfe de Gascogne :


Nous sommes enfin arrivés dans le Golfe de Gascogne avec deux jours de retard sur nos prévisions. La faute de cette dépression sur l'Irlande qui nous a envoyé un front froid jusqu'au Portugal. Nous avons été contents de notre stratégie de sécurisation et de prudence qui nous a fait faire demi-tour durant 48 heures pour affronter un temps plus maniable et sur une durée courte. Malgré cela, le coup de vent a été tonique, avec une mer blanche d'écume soufflée sous une pluie diluvienne.

 Le bateau s'est merveilleusement comporté, toujours réagissant au doigt et à l’œil. Les surfs sur les vagues étaient époustouflants, et Hirnez a battu son record de vitesse à 13,7 nœuds ! Pourtant, la voilure était réduite à un petit foc de 18m², mais la force du vent faisait s'envoler Hirnez.


Depuis, nous remontons à bonne allure vers Brest.

 Il y a un avant et un après le coup de vent.

 Avant, nous étions comme à une veillée d'arme, avec un temps splendide jusqu'à quelques heures du coup de vent. Nous étions dans l'attente, un peu tendus, sur nos gardes. Nous étions prêts à perdre deux jours ou plus alors même qu'il était surréaliste de retourner en arrière. Faire du Sud sous un beau soleil uniquement sur la foi de quelques flèches de vent sur la carte marine de l'ordinateur (les fichiers météo reçus par satellite) semblait être une chimère.

Et maintenant, alors que le ciel est maussade, nous sommes pressés d'arriver, de mettre pied à terre, de nous payer une bonne moules-frites à Camaret après une bonne douche. Comme toujours après un coup de vent, la mer est agitée, croisée. Le sommeil s'en ressent, la couchette s'apparentant plus à un manège de fête foraine qu'à un lit moelleux. Dehors la pluie alterne avec de belles éclaircies, mais ces dernières ne suffisent pas à faire oublier la terre qui se profile devant nous.

Nous sommes donc pressés.

Et en même temps, nous sommes bien en mer, dans cet univers unique, hors du temps, hors du monde. Nous sommes bien dans notre petit microcosme. Un voilier de 10 mètres, c'est à la fois petit et à la fois immense sur l'eau !


Allez, je retourne tenir compagnie à Hirnez qui avance bon train entre 5 et 7 nœuds sous foc seul. La nuit est faiblement éclairée par un croissant de lune jouant à cache-cache avec les nuages. Il ne faudrait pas que notre bon Hirnez ne se vexe alors que nous lui sommes reconnaissants de toute cette aventure qu'il nous fait vivre.