Courses poursuites... Mardi 4 juillet, 5ème jour de mer.


Cette nuit, comme toutes les nuits depuis notre départ de Horta, la pleine lune éclaire la mer et l'horizon de son rayon blanc. Comme hier, des puffins cendrés volent silencieusement en se poursuivant dans les airs, sans un bruit, sans un cri. Le calme de la mer et du vent qui se fait souffreteux soulignent doucement cette course poursuite des oiseaux majestueux.


En quittant Horta dans une mer croisée, nous avons rattrapé deux autres bateaux de 14 mètres qui peinaient à remonter dans ce vent vif de début de traversée. Hirnez était heureux de retrouver la haute mer après presque un mois d’inactivité. Il voulait démontrer à ces copains sa bonne forme physique quand il s'agit de se battre contre un vent contraire. Une petite course poursuite pour la forme...


Au soir du deuxième jour de mer, nous avons rattrapé un beau voilier, un Centurion 40. Un bateau comme j'en ai rêvé pendant des années. Mais Hirnez connaissait mon appétence pour ce concurrent élégant, et ne lui a laissé aucune chance de me séduire. Remontant le vent dans une brise souffreteuse, il lui a montré combien il était encore vif malgré ses dix sept années.

Au contact en VHF (radio émettrice maritime) avec le chef de bord, celui-ci était un rien vexé. Il était parti de l'île de Tiercera à 50 milles plus au vent d'Horta et il se faisait dépasser par un bateau plus petit qui remontait mieux en cap et en vitesse... Une petite course poursuite qui a encore renforcé notre amour pour Hirnez.

Allez, Hirnez, ne sois pas inquiet, nous te resterons fidèles !   


Une bulle anticyclonique nous barrait le chemin vers Brest et il nous a fallu user durant 36 heures d'une alternance de voile et de moteur [dont 24heures de moteur au total :-( ] pour la traverser et toucher de bons vents d'ouest.

Mais voilà t'y pas q' cet' bulle a décidé de nous poursuivre, et cette nuit, le vent est retombé. Hirnez rampe avec peine dans un petit souffle d'air. Si le sommeil de l'équipage s'y retrouve, il ne faudrait pas que nous nous retrouvions à nouveau dans un anticyclone mollasse....


A moins que finalement ce ne soit cette virgule de vent fort mais courte (force 7) qui ne nous rattrape finalement vendredi pour nous faire comprendre que la mer peut aussi se fâcher (un peu). Cette course poursuite-là, nous aimerions la perdre et laisser le vent passer devant nous, loin devant nous ! Nous attendons le bulletin de demain mercredi pour éventuellement nous dérouter cap au Sud Est et laisser passer ce mauvais temps au Nord.

« Marin, si tu veux vivre longtemps, vouvoie les caps, et salue les grains ».


A bientôt pour la suite de notre route.