Quel mot qualifierait le mieux la journée d'hier? 2500 milles parcourus, 250 milles à parcourir… Quel mot qualifierait le mieux les deux journées à venir? L'attente de la terre, l'attente du moment où une tâche semble apparaitre à l'horizon.

" Je crois que je vois la terre, là, devant!

-Tu ne crois pas que c'est un nuage?

-Oui peut-être, pourtant … non, non, c'est un nuage, tu as raison"

" ce coup-ci, ça semble bien être la terre, la zone grise n'a pas bougé depuis 5 mn…

-Ah oui, peut-être…"

Et chaque fois nous nous faisons avoir à ce petit jeu de qui voit la terre en premier. Le jeu débute loin, trop loin de la terre, si loin que l'horizon reste désespérément vide durant des heures.


Mais au fait, qui a raison?

Sont-ce ces écrans qui nous tracent des points virtuels sur des cartes virtuelles?

Est-ce le crayon qui trace jour après jour, une ligne sur une carte papier, simple dessin de ce que serait l'Atlantique?

Ou est-ce la mer autour de nous, bien réelle, bien présente depuis maintenant 20 jours? La mer qui change tous les jours et qui n'a pas changé depuis Ténérife? pourquoi la mer ne serait-elle pas toujours présente, toujours là, toujours réelle? Présente, immuable…


Et malgré tout, nous restons croyants, croyant à ce petit spot qui a progressé sur l'écran, à ce trait tracé sur le papier de la carte.


Et avec impatience nous attendons la terre.


Au milieu de ma nuit tropicale, au moment où vos réveils sonnent dans le froid de l'hiver métropolitain, je ne sais pas si je verrai encore le soleil se lever 2 ou 3 fois sur la mer caraïbe.


Hubert,

nuit du 24 au 25 janvier 2023