La mer est une poubelle !


Ce matin, vers 11h, le vent mollit de plus en plus. Avec Françoise nous avons convenu de donner un coup de pouce au moteur si notre vitesse tombe sous les trois nœuds. Essai de voile et moteur pour créer un petit vent apparent...

Je démarre le moteur, l'embraye...et il cale ! Première fois qu'il nous fait ça ! N'a-t-il pas aimé mon humour de ce matin sur le suédois de la cale moteur ? (sic)

Deuxième tentative. Il démarre mais refuse d’accélérer quand j’embraye et se met à fumer très noir. Cette fumée noire prouve que le moteur peine et que ce n'est pas un problème de manette de gaz. Je comprends vite qu'il y a quelque chose dans l'hélice. Des sargasses bien prises en bloc ? Elles ont refait quelques apparitions ce matin.


Une seule solution, se mettre à l'eau et voir ce qui se passe dessous. Je ne suis pas fan de ce type de manœuvre, d'une part car je suis piètre plongeur, d'autre part il y a un risque de me blesser ou de voir le bateau partir sans moi. Par 4450 mètres de fond, je ne pense pas avoir pied pour rentrer à la maison...

Affalage des voiles, mise à l'arrêt du bateau. Heureusement, il n'y a pas trop de vagues, juste une longue houle atlantique ; le bateau ne bouge pas trop.

Relié par un harnais (attention qu'il ne se coince pas quand je serai sous l'eau) et avec mon masque je plonge. L'eau est encore très, très bonne heureusement et parfaitement limpide.

Tout de suite je découvre un cordage entouré dans l'hélice. Il forme un énorme tas de près de 80cm de diamètre. L'hélice est invisible, prise dans ce nœud gordien.

A l'aide du croc qui sert à remonter le poisson, je parviens progressivement à dénouer cette nasse filaire. En un petit quart d'heure, le bout arrive sur le pont de Hirnez. Le moteur redémarre sans souci ! Victoire !

Pour se remettre de ces événements, et un peu jalouse de mon bain, à son tour, Françoise se met à l'eau et profite du beau temps et de la mer transparente.


La mer est une poubelle ! Ce bout de gros diamètre n'est pas dans l'eau depuis longtemps, aucune algue ne s'y est accrochée. Il a dû être jeté d'un cargo, nous en avons croisés quelques-uns ces derniers jours, allant de Gibraltar aux USA. Au moment où j'écris ces lignes, un cargo passe à 16 milles de nous, sur une route parallèle à la nôtre.

Triste réalité. Quand l'homme comprendra t-il que la terre est à bout de souffle ?


Bisous à vous.